Boussaad Touazi

Artiste / groupe : Boussaad Touazi
Genre : kabyle
Vrai nom : Boussaad TOUAZI

Biographie de : Boussaad Touazi


Naît-on chanteur ou le devient-on?

Je pense que certains sont nés chanteurs alors que d’autres le deviennent.

Seulement on peut naître chanteur sans le devenir, parce que le milieu où l’on vit ne s’y prête pas, comme on peut le devenir sans l’être à la naissance, quand le sort met l’existence dans un environnement où la chanson fait partie du spectre de l’enseignement. Il y a aussi ceux qui sont nés chanteurs et le sont devenus.

Des chanteurs qui ne le sont pas à la naissance et ne le sont jamais devenus, ils sont nombreux à encombrer la scène artistique.

Boussaad Touazi est de ceux qui sont nés chanteurs et le sont devenus (non seulement chanteur, mais auteur et compositeur aussi, puisque c’est lui-même qui compose ses musiques et ses textes).

Il le serait devenu beaucoup plutôt, si ses parents n’avaient pas quitté sa ville natale, alors qu’il était très nouveau dans ce monde, pour rejoindre leur village d’origine, At Halla (Igoufaf), en Kabylie.

C’est à Kouba, en 1978, que Boussaad vint provoquer les youyous de joie dans la maison de ses parents.

Mais avant de quitter l’innocence, en 1981, ses parents décidèrent de troquer leur village contre la capitale, fief du Chaabi.

Sans avoir la prétention de lire dans les secrets du passé, ni aller à l’encontre du destin, mais on pourrait affirmer, sans trop de risques de se tromper, que Boussaad, s’il n’avait pas quitté sa ville natale, où le milieu ambiant est beaucoup plus favorable à l’exploitation des dons artistiques que le milieu rural, n’attendrait pas son âge actuel pour publier son premier album.

Il ferait partie du gotha des chanteurs algérien du chaabi, à l’instar de Kamel Messaoudi, ce talentueux chanteur que la mort nous a ravi, au moment où son jardin artistique commençait à donner les plus beaux fruits.

Mais, ayant toujours gardé confiance en son talent, depuis sa tendre enfance à ce jour, Boussaad n’a jamais cessé d’attiser sa muse et gratter ses fils.

Depuis la guitare qu’il a, lui-même, confectionnée, à l’aide de fils de pêche et bidon d’huile, en passant par celle que sa mère, en vidant sa petite bourse, lui a offerte, aux divers instruments modernes actuels, il a toujours composé des musiques et des textes.

En remarquant sa particularité, par rapport à ses camarades, lors d’une chorale, son professeur de musique l’invitait toujours à monter sur l’estrade pour chanter en solo la douce chanson d’Enrico Macias :

"Enfant de tous pays Tendez vos mains meurtries Semez l'amour Et puis donnez la vie"

Encouragé par les remarques favorables de son professeur et les applaudissements de ses camarades de classe, il ne pouvait que persévérer dans son art.

Même en marchant, il fredonnait, à haute voix, les chansons de ses artistes préférés. A ses airs de prédilection, le chaabi, il aime ajouter une dose universelle par le truchement de quelques notes de flamenco.

Pour s’aguerrir davantage, il participait aux fêtes de mariage et galas artistiques qu’animaient les artistes amateurs, dans les villages, le sien et ceux qui avoisinent le sien.

Il a surtout gagné confiance en lui, le jour où un vieux de son village lui confia d’animer la fête de mariage d’un de ses enfants. Ce jour là, il gagna en assurance.

Surtout que l’affluence l’eut bien ovationné

Au départ son père, de peur d’échouer sa scolarité, voulait l’empêcher de s’engager dans le monde artistique, mais après avoir constaté son entêtement et sa vive passion pour la chanson, il a terminé par céder à ses caprices.

D’ailleurs, le temps passant, il a terminé, non seulement à être parmi ses fans, mais à jouer le rôle de son manager (il l’accompagnait partout où il se rendait, notamment lors de ses passages à la radio et à la télé).

Il est devenu sa fierté au point de l’appeler « El Hasnawi inu = Mon El Hasnawi (allusion faite au grand chanteur chaabi en Kabyle et en arabe)».

A vrai dire, il ne s’inquiétait pas que de sa scolarité, mais quand on vit là où l’art est assimilé à la débauche, tout parent ne peut que s’en méfier.

Quant à sa mère, elle l’en encouragea en puisant dans ses petites économies pour lui offrir la somme nécessaire à l’achat d’une guitare.

L’un des plus beaux cadeaux de sa vie.
Une année après l’acquisition de ce précieux bijou, pour mieux mesurer ses talents, il décida de passer par les mailles serrées de l’émission «ifenanen uzeka = les artistes de demain» animée par le célèbre chanteur Mdjahed Hamid et Samira, à la Chaîne 2.

Très strict, Mdjahed Hamid, n’accordait le titre de futurs artistes qu’aux candidats qui remplissaient les critères bien définis. Boussaad, quoique, son premier test était déjà probant, obtint l’approbation confirmée du maître, après son deuxième passage.

Il n’était qu’un adolescent de quinze ans, à l’époque

Notre artiste, après un long parcours et bon mûrissement de son talent, sort son premier album, intitulé Laman, le 21 janvier 2014.

Concernant ses projets, il souhaite d’abord, une fois l’album publié, préparer une tournée, à travers sa chère Algérie, en organisant des galas pour faire connaître son album au public algérien et, à travers les échos, estimer la valeur de son œuvre.

Une fois son premier album connu et analysé, il compte éditer un deuxième album, dont l’esquisse est déjà entamée.

De chanteurs à textes, la scène artistique algérienne en ayant grandement besoin, nous ne pouvons qu’ouvrir nos tympans et nos cœurs aux chants de notre ami Boussaad Touazi.

Ils sont porteurs de divertissements et de leçons.


Sources :

Par Annaris Arezki pour "L'Echo D'Algérie"