Hadj M'hamed El Anka

Artiste / groupe : Hadj M'hamed El Anka
Genre : kabyle

Biographie de : Hadj M'hamed El Anka


Hadj M'Hamed El Anka, né rue Arbadji Abderahmane (ex rue Marengo), grandit dans une maison au 4 rue de Tombouctou, au sein d'une famille modeste, originaire de Tagersift (wilaya de Tizi-Ouzou) Kabylie. Son père Mohamed Ben Hadj Saîd, souffrant le jour de sa naissance, dut être suppléé par un parent maternel pour la déclaration à l'état civil. C'est ainsi que naquit un quiproquo au sujet du nom patronymique d'El Anka. Son oncle maternel se présente en tant que tel : il dit en arabe "Ana Khalo" (Je suis son oncle) et c'est de cette manière que le préposé inscrivit "Halo". Il devient alors Halo Mohamed Idir.

Sa mère, Fatma Aït Boudjemaâ, était attentive à son éducation et à son instruction. Entre 1912 à 1918, il fréquente trois écoles : une école coranique (de 1912 à 1914), l'école Brahim Fatah (à la Casbah) de 1914 à 1917 et une autre à Bouzaréah jusqu'en 1918. Quand il quitte l'école définitivement pour se consacrer au travail, il n'avait pas encore 11 ans.

C'est sur recommandation de Si Said Larbi, un musicien de renom, jouant au sein de l'orchestre de Mustapha Nador, que le jeune M'hamed obtient le privilège d'assister aux fêtes animées par ce maître qu'il vénérait. C'est ainsi que durant le mois de ramadan de l'année 1917, le cheikh remarque le jeune M'hamed et son sens du rythme et lui permet de tenir le tar (tambourin) au sein de son orchestre. À partir de là, ce fut Kehioudji, un demi-frère de Hadj Mrizek qui le reçoit en qualité de musicien à plein temps au sein de l'orchestre qui animait les cérémonies de henné réservées généralement aux artistes débutants.

Après le décès de cheikh Nador, le 19 mai 1926 à Cherchell, ville d'origine de son épouse où il venait juste de s'installer, El Anka prend le relais du cheikh dans l'animation des fêtes familiales. L'orchestre était constitué de Si Saîd Larbi, de son vrai nom Birou, d'Omar Bébéo (Slimane Allane) et de Mustapha Oulid El Meddah entre autres. C'est en 1927 qu'il participe aux cours prodigués par le cheikh Sid AH Oulid Lakehal, enseignement qu'il suivit avec assiduité jusqu'en 1932. 1928 est une année charnière dans sa carrière du fait qu'il rencontre le grand public.

Il enregistre 27 disques 78 t chez Columbia Records, son premier éditeur et prend part aussi à l'inauguration de la Radio PTT Alger. Ces deux événements vont le propulser au-devant de la scène à travers tout le territoire national et même au-delà.

Le 5 août 1931, cheikh Abderrahmane Saîdi meurt. El Anka se retrouve seul dans le genre mdih. Sa popularité favorisée par les moyens modernes du phonographe et de la radio, allait de plus en plus grandissante. Dès son retour de La Mecque en 1937, il reprend ses tournées en Algérie et en France et renouvelle sa formation en intégrant Hadj Abderrahmane Guechoud, Kaddour Cherchalli (Abdelkader Bouheraoua décédé en 1968 à Alger), Chabane Chaouch à la derbouka et Rachid Rebahi au tar en remplacement de cheikh Hadj Menouer qui créa son propre orchestre. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et après une période jugée difficile par certains proches du cheikh, El Hadj M'Hamed El Anka va être convié à diriger la première grande formation de musique populaire de Radio Alger à peine naissante et succédant à Radio PTT, musique populaire qui allait devenir, à partir de 1946, "chaâbi" grâce à la grande notoriété de son promoteur, El Anka.

En 1955, il fait son entrée au Conservatoire municipal d'Alger en qualité de professeur chargé de l'enseignement du chaâbi. Ses premiers élèves vont devenir tous des cheikhs à leur tour, assurant ainsi la relève : Amar Lâachab, Hassen Said, Rachid Souki, etc.

La grande innovation apportée par EI-Hadj El-Anka est la note de fraîcheur introduite dans une musique réputée monovocale qui ne répondait plus au goût du jour. Son jeu instrumental devient plus pétillant, allégé de sa nonchalance. Sa manière de mettre la mélodie au service du verbe était tout simplement unique. À titre indicatif, El Hadj El Anka a interprété près de 360 poésies (qaca'id) et produit environ 130 disques. Après Columbia, il réalise avec Algériaphone une dizaine de 78 t en 1932 et une autre dizaine avec Polyphone.

Après plus de cinquante ans de carrière, El Anka animera les deux dernières soirées de sa carrière jusqu'à l'aube, en 1976, à Cherchell, pour le mariage du petit-fils de son maître cheikh Mustapha Nador et, en 1977, à El-Biar, chez des familles qui lui étaient très attachées. Il mourut le 23 novembre 1978, à Alger, et fut enterré au cimetière d'El-Kettar.

Biographie proposée par : quito