Matoub Lounes

Artiste / groupe : Matoub Lounes
Genre : kabyle
Vrai nom : Lounes MATOUB
Naissance le : 23/01/1956
Mort : Assassiné le 25 juin 1998

Biographie de : Matoub Lounes


Lounès Matoub ou Matoub Lounès, est un chanteur, interprète et poète kabyle, engagé depuis ses débuts dans la revendication identitaire berbère.
Il est né à Taourirt Moussa Ouamar, Beni Douala, le 24 janvier 1956, en Kabylie, Algérie. Il meurt le 25 juin 1998, assassiné sur la route d’At Douala. Officiellement, cet assassinat est attribué au GIA, mais sa famille et quelques hypothèses accusent le pouvoir algérien d’être derrière son assassinat.
Matoub Lounès acquiert un statut de martyr pour tous les militants de la cause berbère.

Depuis la sortie de son premier album A Yizem anda tellid ? (Ô lion où es-tu ?) Matoub Lounes célèbre les combattants de l’indépendance et fustige les dirigeants de l’Algérie à qui il reproche d’avoir usurpé le pouvoir et de brider la liberté d’expression. Chef de file du combat pour la reconnaissance de la langue berbère, Matoub Lounes est grièvement blessé par un gendarme en octobre 1988. Il raconte sa longue convalescence dans l’album L’Ironie du sort (1989).
Violemment opposé au terrorisme islamiste, Matoub Lounes condamne l’assassinat d’intellectuels, mais il fut enlevé le 25 septembre 1994 par un groupe armé, puis libéré au terme d’une forte mobilisation de l’opinion kabyle. La même année, il publie un ouvrage autobiographique Le Rebelle et reçoit le Prix de la mémoire des mains de Danielle Mitterrand.
En 1996, Matoub Lounes participe à la marche des rameaux en Italie pour l’abolition de la peine de mort alors qu’en en mars 1995, le S.C.I.J.(Canada) lui remet Le Prix de la Liberté d’expression.
Le 25 juin 1998, Matoub Lounes est assassiné sur la route menant de Tizi Ouzou à Ath Douala en Kabylie à quelques kilomètres de son village natal. Les conditions de ce meurtre n’ont jamais été élucidées. Les funérailles du chanteur drainèrent des centaines de milliers de personnes, tandis que toute la région connut plusieurs semaines d’émeutes. Son dernier album Lettre ouverte aux…, parut quelques semaines après l’assassinat, contient une parodie de l’hymne national algérien dans laquelle il dénonce le pouvoir en place.
Une fondation portant le nom du chanteur Matoub Lounes a été créée par ses proches pour perpétuer sa mémoire, faire la lumière sur l’assassinat et promouvoir les valeurs défendues par Matoub Lounes.
Deux rues portant le nom de Matoub Lounes ont été inaugurées en France à sa mémoire:
• Dans la commune de Saint-Martin-d’Hères près de Grenoble.
• À Vaulx-en-Velin près de Lyon le 22 novembre 2003.
Matoub Lounes est, parmi les artistes kabyles, le plus connu en Kabylie et dans le monde entier de par son engagement, en plus de sa discographie.
«Mais la paix renaîtra un jour et mes chants parmi vous célébreront à nouveau le printemps si cher à nos cœurs..». L’auteur de ses lignes s’appellait Lounès Matoub, star de la chanson kabyle et héros dans sa région natale, TAMAZGHA
Au milieu d’une conjoncture qui n’était pas comme toutes les autres, marquée par la guerre d’Algérie, et plus exactement le 24 janvier 1956 naquit Lounès Matoub au sein d’une famille humble et très modeste, dans la région d’Ait Douala dans les montagnes de Djurdjura, à une vingtaine de kilomètres de Tizi-Ouzou. La région de chanteur Matoub Lounes a connu beaucoup de mouvement et de répression et encore des cas d’enlèvement, en septembre 2002 Bouzegzi Samir et Boudarene Ahcene de village Taguemount Azouz ont été enlevés trois jours après leurs déclarations dans la presse où ils ont dénoncé le vote « nous sommes contre le vote , l’état algérien est responsable de tout ce qui ce passe en Kabylie »
A l’aube de son enfance, commença à pousser chez Lounès un germe d’indocilité, un germe qui en fera de lui un Rebelle. En revanche, au cours de cette période où l’on ne trouve guère place à l’innocence, il essaya de refouler toute idée d’oppression en risquant de mettre le feu à son village; c’est sa façon à lui, en tant qu’enfant de s’insurger, de s’extérioriser, de dire non à la domination.
Il survint le jour où il partit, en compagnie d’un groupe d’enfants, turbulents comme lui, dans une cabane pour fumer discrètement. En allumant, la cahute prit feu. Toute une histoire s’est orchestrée; déplacement sur les lieux des troupes françaises, une double-enquête ! De ces dernières et des maquisards…et finalement ce n’était qu’un petit enfant, innocent, révolté appelé Lounès Matoub. Il en était fier!

Sous l’ombre d’une situation difficile, marquée par l’émigration des Algériens en France – surtout les Kabyles – à la recherche d’un emploi pour assurer une certaine vie à sa famille, le petit Lounès était contraint de vivre loin de son père parti en exil. Il deviendra ainsi le « petit homme » du foyer, aux côtés de sa mère et grand-mère qui occupaient ensemble leur maison à Taourirt Moussa. Après la naissance de sa sœur Malika, en 1963, il garda toujours son statut de « l’homme de la maison », il demeurait, alors, gâté en dépit des carences multidimensionnelles dues à une misérable situation où sombrait l’Algérie colonisée. Pour se consoler de l’absence de son père, Lounès éprouvait un puissant attachement à sa mère qu’il considérait « merveilleuse ». En effet, c’était elle qui veillait sur les besoins de la maison en l’absence de son mari. En ces moments rudes, la mère de Lounès endossait toutes les charges ; se soumettait aux exigences de la vie quotidienne, chez elle ou ailleurs, et prenait en charge son enfant. Tout en s’absorbant dans le travail, qu’il soit à la maison (dans la cuisine surtout la préparation du couscous), aux champs… elle chantait – afin de se consoler – ce qui avait suscité chez son enfant une vigoureuse volonté de s’aventurer dans la chanson. Héritant le critère oral qui détermine la culture berbère, elle racontait à son fils, chaque soir, des contes kabyles desquels le futur chanteur acquiert un lexique d’une richesse « terrible ».
Consciente de ce que vaut l’instruction, la mère de Lounès insistait à ce que son fils fréquente l’école avant d’atteindre l’âge requis. Mais, Lounès voyait en celle-ci une cellule, une prison qui le prive de beaucoup de préoccupations puériles; il lui réservait moins d’importance.
Scolarisé en 1961 à l’école de son village, une des vieilles écoles de Kabylie construite à la fin du siècle dernier, Lounès était un enfant bavard et ce durant toute sa scolarité. Ce qui lui a valu d’être renvoyé de l’école à plusieurs reprises.
Cependant, il préférait courir derrière la « liberté », celle qu’il retrouvait quelque part ailleurs, loin de l’école, à la chasse « pratiquement kabyle » ; poser des pièges, tendre des lacs… Véhiculé par l’innocence et l’inconscience enfantine, il se souciait moins de ses devoirs scolaires qu’aux aventures puériles.
Tout en se référant au combat opposant l’armée française à l’ALN, les enfants tel que Lounès, qui estimait les maquisards, fabriquaient des « armes » afin de peindre ce combat et lui donner une image qui leur est propre.
Etant un petit enfant, Lounès n’était pas apte de garder en mémoire tous les événements qui se sont produits durant la guerre, néanmoins il se rappelait bien de quelques scènes qui ont marqué son enfance innocente et demeuraient, a posteriori, gravées dans sa mémoire. C’est le cas des ratissages dont faisait l’objet son village, les tableaux représentant la complicité des harkis …D’ailleurs, on craignait moins les Français que ceux-là.

Lounès se rappelait également, très bien, du jour où les Kabyles qui vivaient à Alger débarquèrent chez eux fuyant l’OAS. Il s’en souvenait, très bien, puisque leurs enfants ramenèrent leurs jouets de qualité. Jalousie d’un enfant ! Quoi qu’il soit indifférent à l’école, Lounès garde en mémoire de sa scolarité, l’image des pères blancs qu’il appréciait autant qu’il respecte leur enseignement. Pour lui, ces « religieux » représentaient une lueur lui éclairant – et pour tous les enfants de sa génération – une vision sur un monde moderne qui tient ses racines de l’ancien, plutôt des ancêtres. D’ailleurs, d’après lui toujours, ils leur enseignaient même des cours d’histoire, de « notre civilisation » ; celle de Jugurtha, ils apprenaient, en outre, aux filles à coudre, à tisser, presque toutes les activités manuelles… Plus loin encore, ils s’impliquaient dans le mouvement de la guerre aux côtés des Algériens. Par conséquent, ces instructions avaient contribué de façon à faire de Lounès un homme, auquel la question identitaire devient une priorité, une préoccupation fondamentale, objet de son anxiété même. Dans un sens large, il était reconnaissant à cette qualité d’enseignement qui incarnait l’ouverture d’esprit pour ainsi devenir un véritable militant de la démocratie.
Issu donc d’une école, peut-on le dire, française, il avait le privilège de maîtriser la langue de Voltaire qui suscitera son appétit à la lecture. Il lu, alors Mammeri, Camus, Amrouche,…et Feraoun. Mais la loi de Boumediene, en 1968, portant l’arabisation de l’école – Ahmed Taleb alors, ministre de l’éducation s’en est chargé – vint tel un coup d’épée. Lounès la considérait arbitraire, telle une provocation, et même une agression à toute une région de l’Algérie qu’est la Kabylie. En revanche, il éprouvait dès lors un rejet catégorique à la langue arabe et de même à l’école coranique de l’époque dite « Zawiya ». Lui qui était conscient du danger que concourait cette décision n’hésitera guère, plus tard, à crier haut et fort que le FIS, plutôt tous les intégristes soient un produit, pur et net, d’une école algérienne sinistrée.

De ce fait, après « l’indépendance » en 1962, la paix semblait s’installer, et la violence chercher un autre compartiment… Ainsi croyait-on … ! ? Mais, juste une année plus tard, la violence reconquiert la Kabylie. De cette façon, Lounès et sa génération assisteront au conflit qui opposera le régime de Ben Bella, président de « l’Algérie indépendante », aux officiers de la wilaya 3 à leur tête Hocine Ait Ahmed président du FFS (Front des Forces Socialistes). Le conflit a fait plus de 400 morts et des milliers de blessés. Krim Belkacem, un grand homme politique, signataire des accords d’Evian, s’est démarqué de ce conflit. Matoub considérait cet antagonisme comme première déchirure de la Kabylie, mais ce qui le traumatisera le plus est le fait que, 23 ans plus tard – c’est-à-dire -en 1985, ces deux personnalités (Ait Ahmed et Ben Bella), en conflit aigu, se rencontrent dans l’objectif de constituer une alliance contre le régime en place; il qualifia cette initiative d’absurde et aberrante ! En produisant un album pour exprimer son rejet à cette fallacieuse alliance, il a été traité par certains titres de la presse française, de fasciste.

Son destin est ainsi tracé. Qui aurait pensé, même pas lui d’ailleurs, qu’il allait devenir une vedette et l’homme de « la légende vivante ». Il a commencé à s’intéresser et à apprendre la musique comme beaucoup d’autres chanteurs montagnards de Kabylie. A l’âge de neuf ans, il fabrique lui-même sa première guitare artisanale à l’aide d’un vieux bidon d’huile. Il commence à gratter sur les fils en plastique en jouant l’air populaire le plus connu : « Ah a madame serbi latay ». (Ah madame sers moi du thé). Lounès n’a jamais appris la musique à l’école, d’ailleurs il disait : « Je n’ai jamais étudié ni la musique ni l’harmonie. Même lors des galas, je n’ai ni partition, ni pupitre, rien. J’ai toujours travailler à l’oreille et j’ai acquis cette oreille musicale en écoutant les anciens, en assistant aux veillés funèbres, là où les chants sont absolument superbes, de véritables chœurs liturgiques. Mais on n’y chante pas Dieu, on parle de misère sociale, de vie, de mort. Ce sont des chants de notre patrimoine, que de générations d’hommes et de femmes ont chantés. Là est ma seule culture musicale. A part cela, je reconnais être incapable de lire la moindre note de musique, au point qu’il m’est impossible de distinguer, sur une partition, mes propres compositions. Tout ce que je fais, je le fais à l’oreille. Je prend mon mandole et j’essaie. Je trouve les accords, puis je compose des airs qui deviennent mélodies. A force de faire et de refaire, je les enregistre dans ma mémoire et je les retiens. J’accorde mes instrument à la voix, je n’utilise pas de diapason. Je sais que cela risque de surprendre un certain nombre de musiciens, mais je n’ai jamais utilisé de diapason. Je ne sais pas ce qui est un « la » et j’ignore la différence entre une clé de « sol » et une clé de « fa ». Tout cela m’est étranger. Sur scène, je demande aux musiciens de se régler sur ma voix. C’est toujours ainsi que j’ai fonctionné, et toujours ainsi que j’ai enregistré mes disques. Plusieurs fois, je me suis dit qu’il serait temps d’apprendre la musique d’une manière rigoureuse. Puis j’ai estimé que cette « contrainte » risquait finalement de plus m’embarrasser que me faire progresser. Cela pouvait même me bloquer. J’y ai donc renoncé, et je m’en porte très bien. Et même si je n’ai aucune notion de musique, au sens académique du terme, je sais parfaitement quand quelqu’un joue ou chante faux, ou quand mon mandole est désaccordé. C’est, chez moi, une question d’instinct. Même en matière de musique, je suis anticonformiste, rebelle au carcans des règles et des lois. Et puisque cela fonctionne ainsi, pourquoi se poser des questions ? »
C’est en 1972, qu’un miracle se réalisa pour Lounès. Son père rentre au pays après 30 ans d’émigration en France. A son arrivée à la maison, il lui offre un mandole qu’il lui avait acheté à Paris chez Paul Beusher. C’était le plus beau cadeau qu’il n’avait jamais eu, car il venait de son père. Une année plus tard, au cours d’un jeu de poker il mit la mise sur son mandole qu’il perd dans la partie. Et l’année suivante, il se débrouille pour s’acheter une guitare puis commence à animer régulièrement des fêtes.

Durant l’année 1974, pendant qu’il était interne au lycée de Bordj-Menaïel, il a été renvoyé à plusieurs reprises par le surveillant général à cause de sa mauvaise conduite. C’est à cette époque qu’un grave incident lui arriva. Il blesse un jeune garçon à coup de rasoir suite à une bagarre qui s’est déclenchée dans un salon de coiffure. Interpellé par la gendarmerie, il devait être relâché le lendemain. Au tribunal, Lounès a osé demander au procureur une cigarette. Ce dernier abasourdi par un tel comportement décide de le mettre en tôle. Lounès purgea alors un mois en prison. A sa sortie de prison, il fait un stage de mécanique générale à Alger, après avoir réussi à l’examen final, il enchaîne avec six mois de formation en ajustage.
L’année d’après, en 1975 Lounès Matoub est appelé au service militaire, il rejoint Oran pour passer ses deux années sous les drapeaux. A sa sortie, il est embauché à l’économat du collège d’enseignement moyen d’Ait Douala où son père était cuisinier depuis 1972. sentant le succès lors des fêtes qu’il anime dans son village, il décide de se consacrer davantage à la chanson en tentant sa chance en France.

C’est en 1978 qu’il a débarqué en France. Un soir il anime une soirée dans un café où il gagne 4000 FF, ce qui l’encourage à monter à Paris. C’est là que le rêve commence à devenir réalité. Aussitôt arrivé à Paris, il se produit dans les cafés très fréquentés par la communauté émigrée Kabyle. C’est pendant cette période qu’il rencontre le chanteur Idir. Ce dernier l’a même invité un jour à chanter en compagnie d’autres chanteurs au palais de la Mutualité lors d’un grand récital intitulé « la nouvelle chanson berbère » organisé par la coopérative Imedyazen en collaboration avec le groupe d’Etude Berbère de l’Université de Vincennes. C’est au cours de ce concert que Matoub fait la connaissance de deux monuments de la chanson kabyle : Slimane Azem et Hnifa, d’ailleurs il a réadapté quelques unes de leurs chansons. Il manifestait, même dans ses textes, son affliction du sort de ces deux figures, l’une condamnée à l’exil et l’autre dont le cadavre fut abandonné après sa mort.

Lounès se rappelait bien du jour où son ami Idir, l’accompagna dans une maison d’édition pour faire son premier enregistrement. Son premier disque fut un succès. Puis tout s’est enchaîné de façon accélérée.

En avril 1980, la Kabylie était en plein effervescence, Matoub Lounès se produit à l’Olympia, dans une salle archicomble. Ce concert le contraint de suivre les événements de loin par le biais de la presse, depuis la France. En guise de solidarité avec la population kabyle, il monte sur scène à l’Olympia, la guitare à la main en pourtant un treillis militaire, une tenue de combat estimant que la Kabylie était entrée en guerre.

Ne pouvant rester indifférent aux événements berbère de Kabylie, il tente avec quelques militants kabyles, d’organiser une manifestation devant l’ambassade d’Algérie à Paris. La manifestation fut interdite, Lounès s’est fait embarqué par la police en compagnie de ses camarades en se retrouvant entassé dans des cellules minuscules. Depuis, Lounès Matoub a toujours répondu favorablement lors des célébrations du printemps berbère où il a animé plusieurs galas dans les milieux universitaires, notamment durant la décennie 80-90.

A l’avènement du multipartisme, pour Lounès, toujours fidèle à lui-même, la question identitaire demeurait l’objet de son militantisme et essaya, tant soit peu, d’éviter les clivages partisans. D’autant plus qu’il voyait en le MCB (Mouvement Culturel Berbère) un cadre rassembleur en dépit de toutes les césures. En effet, un certain 25 janvier 1990, date d’une marche historique, il a été désigné pour remettre un rapport à l’APN (Assemblée Populaire Nationale). Lounès déplore les divisions du mouvement, il disait : «malheureusement, c’est là où le bât blesse, lorsqu’on voit le mouvement s’effriter, alors que c’est notre force de frappe et de persuasion. Pour ma part, je ne prête pas attention à ce genre de discours. Le MCB est un mouvement qui draine énormément de foules donc sujet à des exploitations ».

Matoub qui contestait le régime sous le règne de Boumediene, garda de similaires positions pour celui de Chadli qui maintenait son indifférence à la calamité succédant le 20 avril 1980. Il lui fait grief également, à lui et son gouvernement, d’être à l’origine de ce qui s’est passé le 05 octobre 1988. En ce jour présent dans les mémoires de tous les algériens et des algériennes.

Les événements d’octobre 1988 ont laissé des séquelles dans le corps de Lounès. C’était le 9 octobre 1988 quand Matoub en compagnie de deux étudiants, à bord de son véhicule, a pris la destination de Ain El Hammam (ex Michelet) venant de l’université de Tizi-Ouzou pour distribuer un tract appelant la population à une grève générale de deux journées et au calme suite aux manifestations d’Alger. Intercepté par des gendarmes qui le suivaient, l’un deux tire à bout pourtant sur Lounès après l’avoir insulté tout en passant les menottes aux deux étudiants. Lounès Matoub s’effondra il est atteint de cinq balles dans l’une lui traverse l’intestin et fait éclater le fémur droit. Il est ensuite évacué vers l’hôpital de Ain El Hammam puis à l’hôpital de Tizi-Ouzou. Ensuite il est transféré à la clinique des orangers à Alger. Il y est resté six mois avant d’être transféré en France pour des soins plus intensifs à l’hôpital Beaujon le 29 mars 1989. six semaines plus tard, il anime un gala au stade de Tizi-Ouzou devant une immense foule alors qu’il portait des béquilles. En dix huit mois, il a subi quatorze opérations chirurgicales.

Au cours de son séjour à l’hôpital Mustapha, Isabelle Adjani lui rendait visite, ce qui le réconforte considérablement. Deux ans plus tard, et après un fragile rétablissement il replongeait dans le même bain ; cette fois-ci, il a été agressé par son voisin, poignardé au sein même de la brigade de la gendarmerie.

Le 29 juin 1994 lors de la marche organisé à Alger pour exiger la vérité sur les circonstances de l’assassinat du président Mohamed Boudiaf. Il était aux cotés de Said Sadi et Khalida Messaoudi quand une bombe explose au niveau de l’hôpital Mustapha faisant deux morts et plusieurs blessés.

Le regretté s’intéressait autant aux talentueuses plumes algériennes d’expression françaises, qu’il soit Djaout, Mekbel, Boucebci, Kateb, J.Amrouche … et son ami Dilem, un jeune caricaturiste qui lui inspirait l’humour, surtout l’audace et le courage. En effet, les empreintes de ces personnes illuminaient le parcours du Rebelle ; il se référait maintes fois à leurs idéaux – « Tu parles, tu meurs, tu te tais, tu meurs alors pales et meurs », « On veut nous emprisonner dans un passé sans mémoire et son avenir » -

A propos des initiateurs des doctrines obscurantistes, l’exemple de Belhadj, Abassi Madani, Kebir…, Lounès avait la nausée à chaque fois que l’on en fait la moindre allusion. Depuis un très jeune âge, il manifestait publiquement son hostilité absolue à ces courants.

Ses positions étaient formelles face aux hordes du GIA ! Cette attitude a failli lui coûter la vie quelques années plus tard ! Le 25 septembre 1994, à 21h environ, il fut kidnappé par un groupe armé qui le surprit dans un café-bar, pas loin de Tizi-Ouzou.

Son enlèvement a bouleversé toute la Kabylie qui s’est solidarisée jusqu’à sa libération survenue le 10 octobre aux environs de 20h dans un café à Ait Yenni. Durant seize jours de séquestrations, Matoub a été condamné à mort par un tribunal islamique. Grâce à la mobilisation de la population, Lounès a retrouvé les siens sain et sauf. Cet enlèvement a suscité beaucoup de spéculations à tel point que certains l’accusent d’avoir monté un scénario lui-même pour se faire un nom et avoir une grande personnalité. Quelle absurdité ! Lounès a passé quinze nuits de séquestration pendant lesquelles il ne voyait que la mort – une mort atroce – devant ses yeux, se sentait parfois interpellé moralement pour essayer de se justifier et de prouver l’authenticité de son enlèvement. Matoub disait à propos de ces gens : « ceux qui parlent de mise en scène veulent me pousser à bout. Je les gêne tant sur le plan professionnel que politique. Ce sont des individus qui aiment vivre d’amalgames, de calomnies et de mensonges.»

Depuis, en dépit de ce qu’il a subi comme « torture » psychologique pendant sa séquestration et les menaces qui pesaient sur lui, il n’a pas cesser de chanter et de continuer son combat pour tamazight, pour la démocratie et contre l’intégrisme islamiste. Pendant ces moments cruels et sous l’autorité des terroristes, il demeurait inquiet pour son sort lui, qui est conscient du danger qu’il avait concouru. Il est jugé pour ses chansons, il racontait dans son livre rebelle qu’un procès s’est déroulé dans la forêt : « » C’est toi l’ennemi de Dieu. » Je n’ai pas répondu. Ensuite, il a passé en revue tous ce qu’ils avaient à me reprocher. J’ai compris à ce moment-là que mon » procès » se préparait. En tête des chefs d’accusation, évidemment, mes chansons. » C’est à cause de tes chansons que la Kabylie est en train de sombrer dans le néant, c’est toi le responsable. » Je n’avais donc que d’autre choix que d’abandonner, je devais cesser de chanter. L’exemple, le modèle qu’ils me citaient sans cesse était celui de Cat Stevens, que tous appelaient de son nom musulman, Youssef Islam. Ce très grand chanteur avait décidé du jour au lendemain de quitter sa vie passée pour embrasser l’islam et rejoindre « les rangs du djihad »

En revanche, on lui reprochait ses « blasphèmes » recommencés à l’encontre de l’Islam et du Coran, La chanson qu’il avait écrite après la mort de Boudiaf, L’Hymne à Boudiaf, lui a valu une interpellation particulièrement vive : » Comment as-tu pu écrire sur ce chmata, cette saleté ? Tu ne sais pas qu’il a envoyé dix mille de nos frères dans le Sud algérien dans des camps de concentration ? » cependant, ils l’ont mis au même pied d’égalité que Salman Rushdie. Enfin et après un long interrogatoire qui durait des jours, c’est-à-dire, le 10 octobre de la même année, ils le libérèrent en lui confiant un message aux Kabyles.

Lounès était aussi un fervent supporter de la JSK depuis longtemps, il a d’ailleurs composé plusieurs chansons sur le club kabyle, malgré que les dirigeants de la JSK n’étaient pas favorables à ce que ce club soit une tribune d’expression pour la revendication identitaire. Le jour de l’enlèvement de Lounès, un ami à lui, tenta vainement de persuader les dirigeant de la JSK de rompre la rencontre l’opposant à un club des Aurès (un autre club berbère), Il écrit dans son livre Rebelle : « Un ami est allé trouver la JSK pour demander aux responsables du club d’annuler la partie. Refus. Il a proposé alors que les joueurs portent un brassard noir à la mi-temps. Nouveau refus. Ou les responsables ne se sentaient pas concernés, ou ils craignaient d’éventuelles représailles. Ils ont souvent manqué de courage. La preuve : je leur avais demandé de sponsoriser le Mouvement culturel berbère lors d’un match important…». « Leur refus a été catégorique, sous prétexte que le danger était trop grand. Le danger terroriste, bien sûr. Les dirigeants de la JSK à mon sens, ne sont pas réellement sensible à la cause berbère. ».

Le 24 novembre 1994, Matoub a été l’hôte du directeur de l’UNESCO, en présence de nombreux hommes des arts, des lettres et des journalistes lui rendant hommage pour son combat pour la démocratie. A l’issue de cette rencontre, Lounès a remis à son hôte le coffret complet de son œuvre. Aussi, en guise de reconnaissance et de récompense pour son combat pour la démocratie, il reçoit le 06 décembre de la même année, le Prix de la Mémoire qui lui a remis Madame Danielle Mitterrand à l’amphithéâtre de l’université de la Sorbonne à Paris. Il devient le chanteur le plus médiatisé. Sa popularité ne cesse de prendre de l’ampleur. Sa carrière de chanteur s’approfondit considérablement en faisant dans l’innovation artistique. Ses dernières productions parlent d’elles-mêmes tant sur le plan musical qu’à travers les textes.

En dehors de la France où il se produit très souvent, Lounès a animé un gala le 16 janvier 1993 à Montréal, à l’occasion du nouvel an berbère, puis à New-York le 20 janvier 1993 et en Californie le 13 mars de la même année.

En janvier 1995, il publie aux éditions Stock, à Paris, un livre sur sa vie qu’il considère comme un reflet de son parcours, il disait à propos de cela : « cet ouvrage est la somme de toutes les souffrances passées. Mon rapt, puis ma libération grâce à la mobilisation de la population a été le déclic qui déclenché le besoin d’écrire. C’était un moment important dans ma vie. Quand j’ai été blessé, la population a été pour moi d’un grand réconfort psychologique. Par contre le dernier épisode a été très fort, très douloureux. 15 nuits de séquestration c’est 15 morts consécutives. J’en garde encore des séquelles. C’est ce qui m’a motivé pour écrire ce livre. L’écrit reste comme un témoignage impérissable du péril islamiste auquel certains osent trouver des circonstances atténuantes et vont même jusqu’à le soutenir ».

Deux années après ce succès, en 1997 le rebelle rencontrera Nadia qui deviendra sa troisième femme, après Saadia. Le 25 juin de l’année suivante, revenant de Tizi-Ouzou, afin de rentrer chez lui en compagnie de sa femme et ses belles sœurs, Matoub Lounès fut lâchement assassiné par un groupe armé qui l’assaillirent en tirant sur son véhicule d’une bourrasque de balles de kalachnikov. Ainsi nous quitta à ne plus jamais le symbole de la chanson engagée d’expression kabyle. Tel un coup de tonner, l’information jaillissait de partout la Kabylie. Une grande révolte des populations de Lounès succéda à sa disparition…

Bouleversé par les événements, rattaché par la fidélité à son combat et contraint de mener sa vie telle que voulue pour cause d’insécurité, telle était la situation dont s’était retrouvé Matoub Lounès. C’est son choix ; « Moi j’ai fait un choix. Tahar Djaout avait dit : il y a la famille qui avance et la famille qui recule. J’ai investi mon combat aux cotés de celle qui avance. Je sais que je vais mourir dans un, deux mois, je ne sais pas. Si on m’assassine, qu’on me couvre du drapeau national et que les démocrates m’enterrent dans mon village natal Taourirt Moussa. Ce jour-là, j’entrerai définitivement dans l’éternité ».

De par ses textes, ses chansons, ses interventions…nul ne peut nier ni le talent de Lounès dans la chanson, ni son combat pour une Algérie debout, ni son militantisme zélé pour l’aboutissement de la revendication identitaire.

Dans son dernier album il reprend l’hymne national à sa manière, malgré les dangers qu’ils attendaient : « Je sais que ça va me valoir des diatribes, voire un enfermement, mais je prends ce risque, après tout il faut avancer dans la démocratie et la liberté d’expression »

Il était aussi un fervent défenseur du système fédéral qu’il considérait comme solution à tout les maux de l’Algérie : « Le régionalisme est une réalité politique, il s’agit de l’assumer dans un système fédéral. L’histoire a façonné le peuple algérien suivant des composantes distinctes, qui expriment aujourd’hui des aspirations contradictoires. Il faut diaboliser cette notion de fédéralisme qui est une forme d’organisation très avancée. Régionaliser, c’est donner plus de pouvoir aux régions. C’est pour le bien de tout le pays. Plusieurs exemples dans le monde montre l’efficience de cette forme d’organisation ».

Quelles que soient nos tentatives de faire valoir l’expression, les mots seront pauvres pour évoquer le sacrifice, et l’activisme de Matoub. Le moins qu’on puisse dire qu’on a perdu, un grand chantre, un vrai patriote, un véritable militant de la cause démocratique. Un Rebelle, tout cours !

Le 25 juin 1998 à la mi-journée, Lounès Matoub fut assassiné pas loin de son village au cœur de la Kabylie. Cet assassinat a bouleversé le monde entier et la Kabylie en particulier. La population kabyle a aussitôt déferlé sur Tizi-Ouzou. Des manifestations publiques ont gagné le pays Kabyle entier. Quelques heures après cet assassinat, Noureddine Aït-Hamouda intervient dans les médias internationaux (comme France-Infos) pour affirmer que les assassins sont les islamistes du GIA, idée fixe également développée par Khalida Messaoudi, alors députée-RCD au parlement algérien. C’est ainsi une véritable « pression » médiatique qui s’exerce pour faire admettre la thèse du GIA dans l’assassinat de Lounès. Même Malika Matoub, la sœur de Lounès, déclare que les assassins sont les islamistes du GIA. Plusieurs observateurs se posaient déjà la question de l’intérêt du RCD à vouloir imposer à l’opinion la thèse du GIA dans cet assassinat.

Malgré cette pression, les jeunes manifestants de Kabylie envahissant les rues clamaient fort « Pouvoir assassin ! ». Cette phrase à elle seule résume ce que pense la Kabylie profonde de cet assassinat. La junte militaire, au pouvoir depuis 1962, est clairement mise en cause et rendue responsable de ce crime politique par les foules des manifestants.

Quelques jours plus tard, Malika Matoub revient sur ses déclarations initiales et, avec sa mère, demande à ce que toute la vérité soit faite sur l’assassinat. Elles exigent qu’une véritable enquête soit diligentée. Elles relèvent plusieurs points d’ombre dans la gestion faite par les autorités de cette affaire. A ce jour elles ne cessent de demander à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire.

C’est au tour de Nadia Matoub, par la suite, de se joindre aux voix de Malika et sa mère pour demander une enquête sur l’assassinat. Elle n’exclut aucune piste quant aux auteurs et commanditaires de l’assassinat.

Dans un texte rendu public par le MAOL, Mouvement algérien des officiers libres, en désaccord avec les généraux au pouvoir, il est donné des détails très accablants concernant l’assassinat de Matoub Lounès. Des responsables du RCD à l’époque de l’assassinat de Lounès, en l’occurrence Noureddine Aït-Hamouda et Khalida Messaoudi, ont été cités dans ce texte. D’après le MAOL, Noureddine Aït Hamouda aurait joué un rôle important dans le complot de l’assassinat de Lounès commandité par le haut commandement militaire algérien dans le but de déstabiliser Zeroual et le pousser au départ.

Les éléments du MAOL ne peuvent être qu’une frange de la junte militaire algérienne ; ils sont donc du sérail et s’ils ont évoqué l’affaire Matoub ce n’est que parce qu’ils ont un quelconque intérêt et ce n’est sans doute pas le désir de contribuer à faire connaître la vérité sur cette affaire qui les anime. Eux qui sont des nationalo-arabo-islamistes. Mais dans leurs déclarations ils ont cité des noms et ont évoqué des faits ; ce sont ces éléments qui nous intéressent. Et aux personnes citées de se prononcer et donner leurs versions quant aux faits relevés par le MAOL. Ces personnes doivent notamment démentir les déclarations des officiers du MAOL s’il y a diffamation.

L’autre épisode ayant marqué l’affaire Matoub est le reportage réalisé par la chaîne de télévision française Canal+, dans le cadre de son émission « 90 minutes », consacré à l’affaire Matoub et intitulé « la grande manip ». Ce que l’on peut retenir de ce reportage c’est la convergence de l’ensemble des témoignages vers la thèse d’un assassinat organisé par la junte militaire algérienne. Les témoignages de Malika et Nadia Matoub incitent à se poser des questions quant à l’intérêt du RCD, ou du moins de certains de ses membres dont Noureddine Aït-Hamouda, à vouloir imposer à l’opinion la thèse du GIA dans l’assassinat de Matoub. Ainsi Malika Matoub affirme être félicitée par Noureddine Aït-Hamouda pour avoir soutenu que le GIA était le responsable de l’assassinat. Il lui aurait même proposé de lui faire rencontrer des personnes du haut commandement militaire qui sont satisfaits de ses déclarations. Nadia Matoub, affirme néanmoins que des éléments du RCD lui avaient promis des visas pour elle et ses sœurs ; en contrepartie, elle devait tenir une conférence de presse à Tizi-Ouzou pour laquelle ils lui ont rédigé la déclaration préliminaire qui disait en substance que les assassins étaient des éléments du GIA.

Dans leur ouvrage publié chez les éditions La Découverte, Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire reviennent sur l’assassinat de Lounès et donnent un certain nombre de détails sur l’avant et après assassinat. Ils nous apprennent, par exemple, que le jour de l’assassinat un barrage de gendarmerie s’est mis en place sur la route d’At Douala et les gendarmes se sont mis à dévier la circulation de cette route : seule la Mercedes noire de Lounès sera autorisée à emprunter cette route sur laquelle elle sera mitraillée quelques minutes plus tard…

Avec tous les éléments que nous connaissons à ce jour, il est difficile de ne pas penser que le régime algérien ne soit pas responsable de l’assassinat de Matoub Lounès. La complicité de Kabyles de service est plus qu’évidente ; il était même nécessaire.

Mais si l’on admet cette hypothèse, est-il raisonnable aujourd’hui de s’attendre à ce que l’Etat algérien fasse la lumière sur cette affaire ? Cet Etat est-il en mesure de révéler la vérité sur cet assassinat tant que les clans qui l’ont confisqué ont tout intérêt à la cacher ? Peut-on vraiment parler de justice dans un Etat où la mafia militaire fait de la « bonne gouvernance » ? A force d’attendre la lumière sur cette affaire, nous finirait-on pas par rester dans l’obscurité… et oublier ?

Vaut mieux donc dire que la vérité nous la connaissons : l’ordre d’exécution émanerait du haut commandement militaire algérien. L’exécution de cette tâche a été confiée aux gendarmes et aux supplétifs locaux…

Sa jeunesse

A l’age de neuf ans, il fabrique sa première guitare à partir d’un bidon d’huile de moteur vide, et compose ses premières chansons durant l’adolescence.
Sa prise de conscience identitaire et culturel débute à la confrontation armée entre les Kabyles et les forces gouvernementales en 1963-1964.

En 1968, le gouvernement algérien introduit une politique d’arabisation dans le système éducatif au détriment du berbère. Matoub réagit en n’allant pas à l’école. Finalement, il quitte le système éducatif et devient autodidacte. En 1978, il émigre en France à la recherche de travail.

Son début de carrière musicale

Arrivé en France, Matoub Lounès anime plusieurs soirées dans des cafés parisiens fréquentés par la communauté kabyle. C’est là qu’il se fait remarquer par le chanteur Idir qui l’aide à enregistrer son premier album, Ay Izem, qui remporte un vif succès.
En 1980, le poète se produit pour la première fois à l’Olympia en plein évènements du printemps berbère. Il monte alors sur scène habillé d’une tenue militaire pour manifester son soutien aux manifestants kabyles.

Depuis la sortie de son premier album Ay izem (Ô lion), Matoub Lounès célèbre les combattants de l’indépendance et fustige les dirigeants de l’Algérie à qui il reproche d’avoir usurpé le pouvoir et de brider la liberté d’expression. Chef de file du combat pour la reconnaissance de la langue berbère, il est grièvement blessé par un gendarme en octobre 1988. Il raconte sa longue convalescence dans l’album L’Ironie du sort (1989).

Son engagement

Les textes de Matoub Lounès sont revendicatifs et se consacrent à la défense de la culture berbère.
Il s’oppose à la politique d’arabisation et d’islamisation de l’Algérie. Il parle le kabyle, le français, et comprend l’arabe sans l’employer. C’est un partisan de la laïcité et de la démocratie, et s’est fait le porte-parole des laissés-pour-compte et des femmes.
Opposé à l’islamisme et au terrorisme islamiste, il condamne l’assassinat d’intellectuels. Il fut enlevé le 25 septembre 1994 par le GIA (Groupe Islamique Armée), puis libéré au terme d’une mobilisation de l’opinion publique de la communauté kabyle. La même année, il publie un ouvrage autobiographique, Rebelle, et reçoit le Prix de la mémoire des mains de Danielle Mitterrand.

En 1996, il participe à la marche des rameaux en Italie pour l’abolition de la peine de mort alors qu’en mars 1995, le S.C.I.J.(Canada) lui remet Le Prix de la Liberté d’expression.
En 1998, il sort les albums Tabratt i lḥukem et Ilḥeq-d zzher. Ces derniers sont de genre chaâbi. Il y dĂ©nonce la lâchetĂ© et la stupiditĂ© du pouvoir algĂ©rien. Le morceau Tabratt i lḥukem de l’album Ă©ponyme, est construite en « kacide » (enchaĂ®nement de musiques diffĂ©rentes). Le dernier morceau est une parodie de Kassaman, l’hymne national algĂ©rien.
Le 25 juin 1998, il est assassiné sur la route menant de Tizi Ouzou à At Douala en Kabylie à quelques kilomètres de son village natal (Taourirt Moussa). Les conditions de ce meurtre n’ont jamais été élucidées. Les funérailles du chanteur drainèrent des centaines de milliers de personnes, tandis que toute la région connut plusieurs semaines d’émeutes.
Le 30 juin 1998, le GIA revendique son assassinat.

Après sa mort

Une fondation portant le nom du chanteur a été créée par ses proches pour perpétuer sa mémoire, faire la lumière sur l’assassinat et promouvoir les valeurs d’humanisme défendues pendant la vie de Matoub Lounès .

Cinq rues portant le nom de Matoub Lounès ont été inaugurées en France à sa mémoire :
- A Paris
- A Aubervilliers
- Dans la commune de Saint-Martin-d’Hères près de Grenoble.
- À Vaulx-en-Velin près de Lyon le 22 novembre 2003.
- Dans la commune de Pierrefitte (Seine Saint Denis)
- Une maison du quartier (inaugurée en octobre 2002) et une crèche portent son nom dans la ville de Montreuil (93100).

Matoub Lounès est l’un des artistes kabyles, les plus connus en Kabylie comme dans le monde entier en raison de son engagement.


Discographie de Matoub Lounès : (voir onglet discographie)


Source : Wikipédia